Myfanwi, et Molkov
- Sophie Tremblay
- 8 août 2021
- 5 min de lecture
Aujourd'hui, on parle avec Myfanwi, l'auteur de la nouvelle Molkov, qui a gagné au dernier concours de dystopia_girl.
- Pourquoi écris-tu ? Que t'apporte l'écriture ?
Au tout début, c’était principalement thérapeutique, pour tenir pendant la période où j’ai été harcelée à l’école. J’écrivais des textes très violents qui mettaient en scène des animaux à des buts de dénonciation. J’ai commencé assez tôt, au CE2, donc vers sept ou huit ans. J’en ai vingt-quatre aujourd’hui. On a passé mon enfance à me dire que c’était une phase et que ce hobby allait me passer (un peu comme mon asexualité, c’est quelque chose de commun apparemment de ne pas croire en vous), et au final, eh bah c’est toujours là.
J’écris aujourd’hui principalement parce que c’est une des choses que je fais le mieux, au point que ça sera une partie de mon travail dans un an ou deux. Je le fais pour le plaisir de partager mes histoires avec des gens. Pour me libérer également, parce que je suis pas quelqu’un de très expressive dans la vraie vie. J’ai toujours eu plus de facilité à dire les choses par écrit qu’à l’oral.
L’écriture m’a apportée pas mal de choses en quinze ans, notamment beaucoup de belles rencontres. J’ai été dans des lieux où j’aurais jamais pensé mettre les pieds grâce à ma plume, notamment en conventions. J’ai aussi trouvé ma voie dans l’édition grâce à l’écriture. Plus je nourris ma plume, plus elle m’est bénéfique, alors je continue, tout simplement.
- Pourquoi partages-tu tes textes sur Wattpad ?
Uniquement parce qu’il n’y a pas de meilleure plateforme avec autant de personnes pour y lire ce que je fais. Je n’aime pas Wattpad. Je n’aime pas son fonctionnement, sa modération et son système de classement absolument ridicule qui ne fait que renforcer la compétition entre les auteurs plutôt que l’entraide, alors que bon, c’est un peu l’essentiel.
Je préfère largement Plume d’Argent, ou dans une autre mesure, Archive of our own. J’y publie en anglais depuis seulement quelques semaines et c’est comme si j’avais une communauté de plusieurs années. C’est grâce à ça qu’on voit à quel point Wattpad n’a aucune communauté. Il n’y a que des petites exceptions désintéressées, pour tout le reste, on a l’impression que lire les autres va vous faire exploser ou quelque chose du genre. Et perso, j’ai de plus en plus de mal à supporter cette atmosphère, d’autant plus que sur toutes les autres plateformes d’écriture, l’entraide se fait naturellement.
- As-tu un (ou plusieurs) rituel d'écriture ?
Pas vraiment. Il faut simplement que je sois dans un bon mood pour rester concentrée et que je n’ai plus rien à penser à côté.
Mon rituel d’écriture, cependant, c’est une régularité à toute épreuve. J’écris tous les jours, au moins une heure par jour, et ça me convient très bien. Je n’ai pas eu de page blanche depuis plusieurs années, et ça me permet de rester en forme. Je me sens limite mal quand je n’arrive pas à tenir mes objectifs.
- D'où vient l'idée derrière ton histoire ?
Même si c’est étrangement d’actualité aujourd’hui, j’ai commencé Molkov en 2018 il me semble. Tout est parti d’un partiel d’anglais en troisième année de licence de lettres modernes. On avait eu un extrait de texte basé où des prisonniers minaient le sol, et le fait que le bruit des pioches se répercutait en écho tout au long du texte. J’ai eu grave envie d’écrire un texte similaire dans mon univers, Tyrnformen.
À la base, ça ne devait être qu’une petite nouvelle sans importance, mais ensuite, en écrivant Macédoine, dont je parle plus tard, j’ai réalisé que j’aimais beaucoup écrire sur les personnes âgées, et que je n’en avais pas encore dans mon univers de fantasy. J’ai donc cherché ce qui pourrait convenir à mon contexte, et c’est comme ça que le personnage de Molkov est né.
J’ai toujours aimé les nains en fantasy (merci à Krayn et Grunlek), mais je trouve qu’ils manquent terriblement d’originalité. Alors j’ai trouvé un compromis, en utilisant de la dystopie dans un univers de fantasy, ce qui a fait un mélange qui m’a tout de suite beaucoup plu. Pour la maladie qui ne touche que les femmes, je m’étais inspirée d’un film que j’ai vu il y a très longtemps. J’aimais beaucoup le fait de présenter une civilisation qui est vouée à disparaître. Les nains ne peuvent plus se reproduire dans mon univers, et ceux qui restent sont contraint de subir la pénible descente de leur peuple sans pouvoir rien n’y faire. Même si le texte peut finir bien (ou pas, eheh), cette réalité fait qu’il ne peut pas y avoir de fin heureuse quoi qu’il arrive. J’aime beaucoup les fins amères.
- As-tu comme projet de la faire éditer (ou auto-éditer) ? Pourquoi ?
Oui, mais pas seul. Molkov fait partie du projet Tyrnformen, un univers étendu composé d’un roman principal et d’une multitude de petits projets annexes qui s’y raccrochent d’une façon ou d’une autre. Je souhaite d’abord éditer le roman principal, puisque c’est lui qui donne les bases pour tout le reste, et les personnages principaux qui sont amenés à être mentionnés ou croisés dans d’autres histoires, comme c’est déjà le cas de Lazare, et des personnages de Lazare et de Une flamme de liberté dans Le chant de l’oiseau solitaire. Tout ça en gardant des histoires de type one shots, qui peuvent se lire sans le reste.
Je sais que certains textes du projet ne pourront pas être édités, car trop courts. Ceux-là seront proposés en auto-édition, mais ça ne sera pas avant un très long moment, il y a encore beaucoup de travail à faire !
- As-tu d'autres projets en cours ou à venir ? Peux-tu nous en parler un peu ?
Outre mes nombreuses fanfictions sur Undertale et Five Nights at Freddy’s, je travaille en ce moment sur deux projets originaux.
Le premier, c’est Tyrnformen, le roman principal dont est issu Molkov. Il se passe bien, bien après Molkov et concerne le royaume humain. Deux dragons, désespérés d’assister à l’extinction de leur espèce après une grande guerre qui l’a décimée, décident de transformer le prince héritier du royaume humain, Aranwë Balrarion, en dragon, dans l’espoir de faire entendre raison aux humains. Mais aucun des dragons n’est franchement doué, et Aranwë n’est pas forcément des plus dociles, ce qui va conduire à des tas et des tas de problèmes.
Le deuxième projet, c’est Macédoine. C’est une dystopie parodique, qui joue sur la politique et quelques autres codes de la science-fiction. Miranda et Louise évoluent dans un monde peuplé de légumes géants carnivores. Ils rencontrent sur la route un sonneur de cloches, Connor, qui est plus louche qu’il n’y paraît. Mais quel secret peut-il bien cacher ? Rigolez tant que vous pouvez, je peux vous garantir qu’en général, les gens ne rient pas très longtemps lorsqu’ils commencent leur lecture. Je vais vous faire faire des cauchemars d’aubergines qui explosent et de laitues-fumigènes.
- Un dernier mot pour la fin ?
Merci de m’avoir remotivée à poursuivre Molkov. Ce texte est en pause depuis des mois, et j’ai enfin une raison d’y retourner pour de bon. Affaire à suivre !
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